
Depuis quelques années, des marques chinoises comme BYD, Nio ou Xpeng accélèrent sur le marché européen de la voiture électrique. Elles proposent des modèles dotés de technologies avancées, commercialisés à des tarifs extrêmement compétitifs. Un confort haut de gamme à prix doux qui attire de plus en plus de conducteurs français... Les marques européennes doivent ajuster rapidement leurs stratégies pour préserver leur place sur le marché. Explications.
Voiture électrique : les atouts de l’industrie chinoise
La Chine dispose d’une capacité de production de véhicules électriques bien supérieure à sa demande intérieure. Selon Goldman Sachs, cette surcapacité chinoise représentait plus de 5 millions de véhicules électriques en 2023.
Cette situation provoque une guerre des prix à tous les étages : au niveau des voitures comme de leurs batteries. En Chine, les batteries de type LFP ont par exemple connu une chute de 51 % de leur prix en 2024. Elles ne représentent plus que 30 % du coût total d’une voiture électrique, contre 50 % auparavant. Cette particularité rend les véhicules chinois particulièrement compétitifs.
Subventions étatiques : quel rôle joue l’État chinois ?
Pour soutenir l’expansion du secteur, l'État chinois a engagé plus de 230 milliards de dollar depuis 2009 :
• Pékin soutient l’acquisition de véhicules électriques via des aides versées aux particuliers. Bien que progressivement réduites, ces subventions encouragent toujours la transition vers ce type de véhicules
• Le gouvernement chinois a prolongé l’exonération de taxe pour l’achat d’un véhicule électrique jusqu’en 2027
• La stratégie inclut également l’investissement dans les infrastructures de recharge
L’objectif ? Une montée en puissance rapide de tout l’écosystème. À titre d’exemple, le pays mise sur des aides jusqu’à 9 fois plus généreuses que celles de l’Union européenne.
Rapidité d’innovation et mises à jour
Les constructeurs chinois développent un nouveau modèle de voiture électrique 30 % plus rapidement que leurs homologues européens et américains. La fréquence de leurs mises à jour logicielles est également nettement plus importante. Ce rythme soutenu permet de corriger les défauts et d’ajouter des fonctionnalités pour toujours rester compétitifs.
Intégration verticale : que maîtrisent les entreprises chinoises ?
Des matières premières aux logiciels, les constructeurs chinois contrôlent l’ensemble de la chaîne de valeur. En 2024, la Chine assurait 80 % de la production mondiale de cellules de batterie.
Coûts maîtrisés, soutien étatique inégalé, organisation globale : la Chine affiche une compétitivité structurelle difficile à reproduire.
Les marques phares et leur stratégie : quelles ambitions concrètes en Europe ?
Plusieurs marques de voitures électriques chinoises déploient des stratégies ambitieuses pour s’imposer en Europe. Entre volumes importants, technologies avancées ou alliances locales, chaque constructeur cherche à se faire une place.
BYD
BYD consolide sa place de leader mondial en termes de vente de véhicules électriques. En mai 2025, le Dolphin Surf fait une entrée remarquée en Europe avec des prix à partir de 22 990 €. Adapté aux citadins, ce petit modèle compact affiche jusqu’à 507 km d’autonomie WLTP (distance maximale parcourue avec une charge). Il est capable d’effectuer une recharge en 22 minutes.
Nio
Nio se positionne sur un segment haut de gamme avec son modèle Firefly. Basé sur la technologie Battery as a Service (BaaS), il propose des batteries échangeables. Les premiers essais en Europe sont prévus en juin 2025, avant une expansion vers 16 pays. Le modèle affiche une puissance de 42 kWh pour environ 420 km d’autonomie et une compatibilité avec les nouvelles stations de dernière génération.
Leapmotor
L’association entre le chinois Leapmotor et Stellantis a donné naissance à la co entreprise Leapmotor International (51 % Stellantis, 49 % Leapmotor). Avec son prix de départ à 19 500 €, la citadine T03 a su se démarquer en Europe. Elle est disponible dans 9 pays. Le groupe vise un objectif de 500 000 ventes par an dont 400 000 en Europe d’ici 2030.
Les autres acteurs : MG et Xpeng, une menace sérieuse ?
D’autres acteurs chinois montent en puissance.
Avec son hybride à 19 900 €, MG (passé sous pavillon chinois en 2006) concurrence directement Renault et Toyota.
De son côté, Xpeng multiplie les modèles haut de gamme adaptés au marché européen.
Ces constructeurs viennent encore diversifier les gammes de voitures chinoises et accroissent la pression sur les Européens.
Les réactions et mesures européennes : comment l’Europe riposte-t-elle face à l’offensive chinoise ?
Depuis octobre 2024, l’Union européenne a imposé des droits pour compenser les aides reçues en Chine. La taxe douanière des véhicules chinois était de 10 % dans l'UE. La surtaxe grimpera dorénavant jusqu’à 35,3 % à l’encontre des véhicules électriques fabriqués en Chine.
Les risques pour l’industrie européenne
Avec le retrait des aides européennes et des prix bas, la concurrence chinoise fragilise les autres groupes automobiles. Pour exemple, Ford a annoncé 4 000 suppressions d’emplois en Europe d’ici 2027. La conséquence d’une demande plus faible et de la concurrence accrue des rivaux chinois.
Alliances et flexibilité réglementaire
Pour résister à la pression, les constructeurs européens multiplient les partenariats. Ainsi, Stellantis et Leapmotor se sont associés pour assembler en Pologne et lancer des modèles plus abordables.
D’autres projets, à l’image de VW–Xpeng ou Renault–Geely, ont vu le jour pour partager plates formes et technologies.
L’industrie se concentre aujourd’hui sur l’assouplissement des normes et régulations pour renforcer la compétitivité européenne.
Quelles conséquences pour le consommateur européen ?
L’arrivée massive de véhicules électriques chinois bouleverse les équilibres industriels. Cependant, elle change aussi profondément l’expérience d’achat et le coût pour les consommateurs.
Une offre plus abondante et des prix plus accessibles
En 2023, les véhicules électriques chinois étaient en moyenne de plus d’un tiers moins cher que ceux produits en Europe. Pour les consommateurs, c’est la possibilité d’accéder à des voitures bien équipées à des tarifs plus abordables. D’autant plus vrai pour les marchés sans restrictions tarifaires comme le Royaume-Uni !
Pression sur les aides et incitations : vers une hausse des prix finaux ?
Si les taxes sur les importations chinoises ont augmenté, les États européens ont aussi ajusté certaines aides pour préserver leur industrie. Il en résulte des prix qui dépendent fortement des fluctuations politiques et des décisions au niveau de l’UE.
Impact sur le coût d’usage
Sur le long terme, le coût de possession d’un véhicule électrique reste globalement plus favorable qu’un modèle thermique. En quelques années, les économies réalisées se montrent importantes en comparaison d’un modèle thermique. À l’image de la vidange, les dépenses d’entretien sont fortement réduites. Il faut néanmoins mettre en balance le coût plus élevé des réparations.
Effet écologique et infrastructures
Une baisse de prix favorise l’adoption des véhicules électriques et contribue à la réduction des émissions de CO₂ dans le secteur des transports. Le revers de la médaille concerne la dépendance accrue envers les batteries chinoises. Elle renforce la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement européennes. Côté infrastructures, les solutions de recharge doivent se développer pour répondre au besoin d’un parc appelé à s’élargir.
Le secteur de l’automobile électrique européen se trouve à un carrefour stratégique. La montée en puissance des constructeurs chinois exerce une pression forte sur l’industrie locale, l’emploi et les chaînes de valeur. Pour gagner en compétitivité, un équilibre entre mesures protectionnistes, innovation et alliances industrielles s’imposent pour permettre à l’écosystème européen de réussir son pari électrique !


