L’idée d’imposer un contrôle technique annuel aux véhicules de plus de dix ans ne sera finalement pas adoptée, du moins pour l’instant. La proposition a été largement rejetée par le Conseil de l’Union européenne. Présentée comme une mesure destinée à renforcer la sécurité routière, elle n’a pas convaincu une majorité de pays, qui y ont vu un dispositif coûteux, inefficace et socialement injuste. Cette décision a été officialisée le 21 novembre 2025 lors d’une réunion des représentants des États membres. Elle doit encore être confirmée définitivement le 4 décembre, mais sauf rebondissement de dernière minute, le projet est considéré comme abandonné.
Une mesure critiquée avant même son adoption
Le projet, initialement dévoilé au printemps, prévoyait d’obliger les voitures âgées de plus de dix ans à passer le contrôle technique chaque année au lieu de tous les deux ans. L’objectif annoncé était clair : limiter la circulation de véhicules jugés plus dangereux en raison de leur âge.
Cependant, l’annonce a aussitôt provoqué une levée de boucliers dans plusieurs pays européens, dont la France. En France, la mesure aurait concerné environ un véhicule sur deux, puisque l’âge moyen du parc automobile est de 11 ans. En conséquence, les conducteurs les plus modestes auraient été en première ligne, car ce sont eux qui roulent le plus souvent dans des véhicules anciens.
Le ministre français des Transports s’est montré particulièrement ferme, estimant que la mesure aurait frappé d’abord les concitoyens qui n’ont pas les moyens de s’offrir une voiture plus récente. Du côté des associations d’automobilistes, le rejet était également massif, notamment chez l’organisation 40 millions d’automobilistes, qui a salué la décision européenne en parlant d’un choix socialement plus juste.
Un risque paradoxal : plus de fraude, moins de sécurité
Une mesure censée améliorer la sécurité routière aurait pu, produire l’effet inverse. En effet, face aux coûts potentiels liés aux réparations post-contrôle, de nombreux automobilistes reportent déjà leur passage en centre agréé. Chez les propriétaires de véhicules anciens, ce phénomène est d’autant plus marqué.
Augmenter la fréquence du contrôle à une fois par an aurait pu encourager davantage de conducteurs à rouler sans contrôle technique valide. Cela aurait pu augmenter le nombre de véhicules potentiellement dangereux circulant illégalement, rendant la mesure contre-productive en particulier pour la sécurité. Les défenseurs de l’automobile estiment donc que l’enjeu n’est pas de contrôler plus, mais de mieux faire respecter les obligations déjà existantes.
Pourquoi Bruxelles recule-t-elle ?
Au-delà de la question sociale, plusieurs éléments remettent en question l’utilité d’un contrôle annuel. D’une part, aucune étude ne démontre qu’un passage plus fréquent apporte une amélioration significative de la sécurité routière. Certains pays européens qui ont déjà mis en place un contrôle annuel n’affichent pas de statistiques nettement meilleures que leurs voisins.
De plus, appliquer une règle identique dans toute l’Europe ne convient pas forcément aux réalités locales. Les parcs automobiles, leur âge moyen et les habitudes d’entretien varient d’un pays à l’autre. Le Conseil de l’UE a donc jugé la proposition disproportionnée et mal adaptée.
Vers une sécurité routière mieux ciblée
Même si les automobilistes échappent à une visite annuelle, le débat relance une question centrale : comment améliorer la sécurité routière sans aggraver la facture des conducteurs ? Les associations spécialisées appellent désormais à privilégier des mesures « équilibrées » et plus efficaces, comme : renforcer la lutte contre les fraudes, mieux sanctionner la conduite sans contrôle technique, proposer des aides pour les réparations indispensables, destinées aux ménages modestes, promouvoir l’entretien régulier même en dehors des obligations légales. La sécurité routière passe donc moins par la multiplication des règles que par leur application efficace et par l’accompagnement des automobilistes.
Une victoire pour les conducteurs, un débat toujours ouvert
Pour l’instant, l’Union européenne renonce à durcir la réglementation. Ce recul est salué comme une victoire par les automobilistes, qui conservent la même périodicité du contrôle technique après dix ans d’utilisation d’un véhicule. Cela représente un soulagement financier, particulièrement pour ceux qui doivent garder leur voiture longtemps. Cependant, ce refus ne signifie pas que la réflexion est close. Les institutions européennes pourraient encore négocier de nouvelles orientations autour de la sécurité routière et de l’entretien des véhicules.
Conclusion : la sécurité ne doit pas rimer avec inégalité
La décision de l’Europe montre qu’une politique de sécurité routière doit être réaliste, socialement équitable et réellement efficace. Plutôt que d’imposer un contrôle supplémentaire, il semble plus pertinent de :
- Cibler les fraudes
- Accompagner les automobilistes dans l’entretien de leur véhicule
- Adapter les réglementations aux réalités économiques
Un véhicule bien entretenu reste un gage de sécurité, qu’il ait cinq, dix ou quinze ans. Pour les passionnés d’automobile comme pour les conducteurs du quotidien, l’entretien régulier demeure la meilleure assurance… bien au-delà du simple passage au contrôle technique.


