Défaillances de sous-traitants : quelles conséquences pour les constructeurs ?

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Dans un contexte pour le moins instable, le secteur automobile vit une période difficile. En pleine transition vers l’électrique, il doit faire face à une inflation persistante et des pénuries de composants. Et les sous-traitants se retrouvent en première ligne face à ces turbulences économiques et technologiques. De la fourniture de pièces clés à l’électronique, en passant par les systèmes de sécurité, que se passe-t-il lorsque ces acteurs défaillent ? Pour les constructeurs, cela se traduit par des retards de production, rappels de véhicules et hausse des coûts. Avec des répercussions directes sur les automobilistes…

Les causes profondes de la fragilité des sous-traitants auto

Les sous-traitants représentent un maillon essentiel du secteur de l’automobile. Cependant, une pression économique constante et une demande fluctuante menacent leur survie.

Ces dernières années par exemple, les ventes patinent en Europe. Ce climat d’incertitude entraîne des surcapacités industrielles et accroît la concurrence. Ce qui engendre une réduction importante des marges bénéficiaires…

Défi majeur, le passage accéléré à l’électrique implique de réaliser de lourds investissements dans de nouvelles technologies. Les plus significatives d’entre elles sont les batteries, les logiciels et l’électronique de puissance. Des dépenses qui mettent à rude épreuve la solidité financière des sous-traitants du secteur.

Certaines PME deviennent dépendantes de contrats instables auprès de quelques grands donneurs d’ordre. Coincées dans cette spirale, elles dégagent de faibles marges et accumulent les retards de paiement. Avec une trésorerie fragile et sans garanties financières solides, le moindre problème menace de conduire à la faillite.

Ces défaillances de sous-traitants fragilisent directement les constructeurs. D’un côté, l’industrie automobile n’a jamais eu autant besoin d’innovation et de fiabilité. De l’autre, des partenaires indispensables sont constamment exposés à un risque d’effondrement.

Défaillances et répercussion : le cas Takata

L’actualité récente du secteur automobile a été marquée par un choc majeur avec le scandale Takata.

Ce spécialiste japonais des airbags a été contraint de rappeler des millions de dispositifs défectueux suite à des accidents mortels. Le scandale a entraîné la disparition de l’entreprise. Les constructeurs ont dû effectuer des rappels massifs avec des coûts très élevés à assumer. En France, 30 marques sont concernées. Et, dans le monde, plusieurs centaines de millions de véhicules ! Une défaillance majeure qui fait vaciller tout un secteur.

Quels risques concrets pour les constructeurs en cas de sous-traitant défaillant ?

Un sous-traitant défaillant qui interrompt sa chaîne de production déclenche un véritable effet « boule de neige ».

Sur le plan financier

Les rappels de véhicules et les défauts de pièces pèsent lourdement sur les comptes des constructeurs. Ils entraînent des indemnisations, frais de réparation et perte de marge. Avec des montants qui se chiffrent en centaines de millions d’euros. À cela s’ajoute la répercussion sur les marchés financiers. Outre une baisse du cours de bourse, l’image se trouve également fortement écornée.

Sur le plan organisationnel et logistique

Dans le fonctionnement bien huilé d’une chaîne d’assemblage, une simple rupture d’approvisionnement peut engendrer un arrêt complet. Les retards de livraison qui en découlent sont autant de surcoûts pour les constructeurs. Ils se traduisent par des délais de livraison bien plus longs pour les clients.

Avec un temps de production calculé avec précision, la recherche d’un nouveau fournisseur en cas de défaillance s’avère complexe. Plus encore dans le cas de composants stratégiques pour lesquels les options sont rares.

Sur le plan juridique

Lorsqu’un constructeur livre une voiture, sa responsabilité civile et pénale peut être engagée en cas de produit défectueux. En France, des mécanismes encadrent cette règle.
C’est le cas de la délégation de paiement ou des cautions obligatoires. Néanmoins, ces protections ne sont pas toujours suffisantes face à des crises touchant des millions de véhicules.

Comment les constructeurs s’organisent-ils face à ces menaces ?

Avec un risque de défaillance accrue, les constructeurs doivent adopter les bonnes stratégies pour sécuriser leur chaîne d’approvisionnement.

• Audits réguliers pour renforcer les contrôles qualité auprès des sous-traitants 
Formations techniques pour améliorer la fiabilité des pièces produites ;
Détection des faiblesses le plus tôt possible pour éviter les rappels de véhicules et leurs conséquences financières.

• Proximité géographique et diversification des sources d’approvisionnement 
Dépendance à un unique sous-traitant perçue comme un risque stratégique majeur ;
Relocalisation de certaines productions, comme les batteries et composants électroniques.

• Soutien des sous-traitants en difficulté 
Aide financière temporaire ;
Délais de paiement raccourcis ;
Mise en place de partenariats industriels.

De cette manière, les constructeurs accompagnent davantage leurs fournisseurs les plus stratégiques.

Quelles solutions pour sécuriser la chaîne automobile de demain ?

Au fil des ans, le contexte économique difficile a mis en évidence la fragilité des sous-traitants. Les conséquences sur les automobilistes sont nombreuses : délais de livraison allongés, rappels massifs et hausse des prix.

Des véhicules plus fiables et moins de rappels pour les conducteurs

En renforçant la surveillance de leurs fournisseurs, les constructeurs peuvent détecter plus vite les faiblesses. Pour les automobilistes, cela signifie moins de rappels techniques imprévus. Et donc moins d’immobilisations au garage et une plus grande sécurité au volant.

Une disponibilité renforcée des voitures et des pièces détachées

Un sous-traitant en difficulté provoque bien souvent des retards de livraisons pour les pièces de rechange… et par extension pour les véhicules. Seule solution pour les constructeurs : diversifier leurs sources d’approvisionnement. Cela garantit aux clients des délais plus courts et une meilleure disponibilité en concession.

Des prix plus stables pour les acheteurs et propriétaires

Les crises de sous-traitants provoquent souvent une flambée des coûts, répercutée sur le prix des véhicules neufs ou des réparations. En coopérant davantage avec leurs fournisseurs, les constructeurs peuvent lisser ces coûts. Ce qui évite aux automobilistes de subir directement ces hausses.

Dans une industrie automobile en pleine mutation, la fragilité des sous-traitants pointe les faiblesses de cet écosystème. Chaque défaillance engendre des conséquences sur les constructeurs… et par ricochet sur les automobilistes ! Entre anticipation, diversification et coopération, l’approche proactive déployée par de nombreux constructeurs vise à sécuriser durablement leur chaîne d’approvisionnement.