
Depuis trois ans, les automobilistes constatent une flambée continue du prix des pare-brise. D’après une étude du SRA, le tarif moyen est passé de 485 € en 2022 à 605 € en 2025, soit une hausse de près de 25 %. Cette progression correspond à une augmentation annuelle estimée à 7,7 %, bien supérieure à l’inflation générale observée sur les pièces de rechange automobiles. Dans certains cas, le prix varie fortement selon les modèles et les marques : un pare-brise peut coûter entre 245 € et plus de 1 400 €, avec des hausses comprises entre 4,8 % et 53,8 % sur la période étudiée.
Plusieurs facteurs expliquent cette envolée. Le premier est technologique. Les pare-brise modernes ne sont plus de simples surfaces vitrées : ils peuvent être acoustiques, chauffants, filtrants, équipés de capteurs de pluie ou de luminosité, et parfois intégrés à des dispositifs d’affichage tête haute. Leur fabrication est donc plus complexe, ce qui augmente le coût de production.
À cela s’ajoute la généralisation des systèmes d’aide à la conduite (ADAS), désormais présents sur une large majorité de véhicules récents. Avec la réglementation européenne GSR2, leur recalibrage est désormais obligatoire après chaque changement de vitrage. Cette opération technique, nécessite des équipements spécifiques et des compétences pointues, et peut représenter plusieurs centaines d’euros supplémentaires sur la facture.
La tendance est également alimentée par les pratiques des constructeurs. L’apposition croissante de logos ou de motifs exclusifs sur les vitrages, appelé le « name branding » restreint l’accès à des alternatives génériques. Cette stratégie, déjà observée dans le domaine de l’éclairage, pourrait limiter la concurrence et favoriser un marché plus fermé, au détriment du consommateur. Malgré les lois visant à ouvrir l’accès aux pièces de rechange, les marges de manœuvre restent limitées pour les réparateurs indépendants.
Face à cette inflation, l’assurance bris de glace reste un recours essentiel pour les automobilistes. La prise en charge permet de réduire considérablement la facture et, contrairement à d’autres sinistres, n’entraîne pas de malus. Certains réseaux vont jusqu’à proposer le remboursement total de la franchise. Toutefois, la forte augmentation du coût moyen des sinistres pousse les assureurs à surveiller de près les dérives tarifaires, à l’aide d’expertises.
En trois ans, le remplacement de pare-brise est donc devenu un poste de dépense beaucoup plus lourd pour les conducteurs comme pour les compagnies d’assurance. La montée en puissance des technologies embarquées, les coûts croissants de production et de logistique, et les stratégies des constructeurs expliquent cette dynamique. À moyen terme, cette tendance pourrait remodeler le marché de la réparation automobile, en renforçant les acteurs capables d’investir dans le recalibrage et en limitant les alternatives plus économiques. Pour l’automobiliste, la vigilance reste de mise, car si l’assurance constitue un amortisseur efficace, elle ne suffira sans doute pas à contenir la hausse structurelle du prix des vitrages.


