Pneumatique : le 4 saisons toujours plus apprécié sur le marché !

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Tiré par le marché de la rechange, le pneumatique quatre saisons s’impose comme le profil en vogue. La tendance se confirme, quelques soient les régions. Mais face aux sirènes des manufacturiers, l’expertise des professionnels reste de mise.

Deuxième motif d’entrée en atelier (derrière la vidange), le pneumatique demeure un produit incontournable pour les professionnels des services de l’automobile. Remplacé en moyenne tous les 18 mois, il fait partie des produits d’appel et l’une des premières demandes faite au garagiste.

Une croissance de 39,8 %

Initié par Goodyear, Michelin, ou encore le pionner néerlandais Vredestein, le « toutes saisons » tient aujourd’hui ses promesses. Si l’Europe était jusqu’alors un marché moins favorable, le changement climatique fait son oeuvre, avec à la clef des conditions de circulation potentiellement difficiles.

Résultat, au même titre que Bridgestone et Continental, Hankook déploie ses gammes depuis l’an dernier. Les versions quality (Uniroyal, Firestone…) et budget (avec Motrio) alimentent également les linéaires. « L’offre a trouvé sa place et son public », explique Sabine Lietaert, directrice marketing B2C France et Benelux de Michelin.

Le marché du quatre saisons existe depuis 2015. Le segment à l’époque était restreint avant de connaître son essor, avec 30% à 50% de croissance annuelle. Le profil répond à un double besoin, selon la dirigeante : rouler en sécurité toute l’année, et éviter les préoccupations liées aux équipements spéciaux l’hiver grâce à son homologation 3PMSF (« Peak Mountain Snow Flake »). Sur un marché du tourisme en repli de 3% sur les quatre premiers mois de l’année, le dernier-né affiche son insolente vitalité jusqu’à affoler les statistiques. Selon les données du SPP (syndicat des professionnels du pneumatique), la croissance des ventes flirte avec les 40% ! Le profil a bénéficié de la promulgation de la loi montagne 2 l’an dernier. Le pneu toutes saisons a bénéficié d’achats par anticipation l’automne dernier. La croissance a atteint alors 180%. La loi montage a donné un coup de projecteur sur les différentes options possibles d’équipements. La mesure a accéléré l’adoption d’un profil dont les ventes restent tirées par la rechange.

Pour l’heure, seuls les groupes Stellantis et Volvo le propose en effet en première monte sur certains modèles. Outre l’influence de la réglementation, son positionnement tarifaire soutient la tendance. Face à la hausse des prix des pneumatiques de 11% observée sur les enveloppes été de tourisme (sur 12 mois glissants), une conséquence de l’envolée des matières premières, le quatre saisons limite son augmentation à 8%.

Un compromis été-hiver

La différence s’explique par la volonté des manufacturiers à placer le profil toutes-saisons proche d’un pneu été. Son surcout à l’achat est à rapprocher du prix d’une paire de chaine à neige. Résultat, le modèle grapille progressivement des parts de marché sur les gammes été (et non sur l’hiver comme les prévisions initiales le laissaient entendre) pour atteindre les 24%. Si le « toutes saisons » ne représente pas encore une tendance de fond pour Lionel Haberlé, directeur Marketing de Point S, l’accélération des ventes traduit la volonté des manufacturiers à pousser cette gamme. « Elle est directement liée à la communication faite auprès du grand public ». La stratégie s’expliquerait par la crainte d’une perte de fidélisation des consommateurs lors des permutations été-hiver.

Considéré comme un profil hybride par le spécialiste, le quatre saisons invite à étudier l’utilisation des automobilistes. Car son adhérence restera moins bonne qu’une enveloppe hiver sur les routes verglacées ou enneigées, avertit le dirigeant. L’allié des zones blanches trouvera ses limites en particulier pour des applications en montagne ou vers les stations de ski. Un profil toutes saisons demeure un compromis. En fonction de l’usage et de la zone géographique, le recours à un pneu hiver restera recommandé, abonde Sabine Lietaert. « Au-delà des marquages 3PMSF ou M+S, il faut analyser les habitudes de consommation des automobilistes, souligne Régis Audugé. Le toutes saisons correspond à un profil été amélioré qui permet de rouler l’été et l’hiver sans nécessiter de permutation deux fois par an, ni de gardiennage. » Le quatre saisons ne sera pas non plus adapté à tous les modèles de véhicules ou tous les types de conduites. Le profil été répondra davantage à une conduite sportive, là où le « toutes saisons» s’adressera à un conducteur en quête de sécurité tout l’année.

Le marché « été » bascule vers le « toutes saisons »

Le basculement « lent mais réel » des gammes été vers le « toutes saisons » semble toutefois engagé. Elle ne s’arrêtera pas, prédit Régis Audugé qui estime le potentiel du marché à 35%-40%. « L’une des particularités du toutes saisons est d’être détachée des effets de saisonnalité propre au profil hiver », souligne encore le dirigeant.

Ses ventes concernent également l’ensemble du territoire de manière homogène. A la différence du profil hiver, la Bretagne, l’Est, l’Ile-de-France, le Sud-Ouest ou encore le Centre sont concernés. Le profil « toutes saisons » est associé à des températures d’utilisation avec une efficacité marquée dès 7°C et moins, davantage qu’au verglas ou à la neige. Parmi les conséquences constatées, le « toutes saisons » bénéficie aux marques premiums qui en profitent pour progresser sur le marché. « Sa technicité permet aux manufacturiers de tirer le marché vers le haut », remarque Régis Audugé. Du côté des réseaux de distribution, il contribue à changer les équilibres. L’hiver était la chasse gardée des pneumaticiens. Ils disposaient des stocks, des références, des services de gardiennage…, nous rappelle t-il. Les gammes quatre saisons sont ramassées autour de quelques références ce qui facilitent leur gestion, en particuliers dans les réseaux de centre-autos et de fast-fitters qui stockent peu. Mais si le profil « toutes saisons » présente l’avantage pour l’automobiliste d’éviter les permutations été-hiver, pour les réparateurs cela conduit à se priver d’une activité saisonnière, levier de prestations additionnelles.

Etudier les usages

En première ligne, les professionnels de l’entretien et de la réparation automobile doivent savoir raison garder, et faire preuve d’expertise pour définir l’intérêt à basculer vers ce profil, ou à rester en été. « Le devoir de conseil est systématique. Il faut vendre le bon pneu, pour la bonne voiture et le bon client », rappelle Lionel Haberlé. Le « toutes saisons » donne l’opportunité de mieux satisfaire la clientèle en comprenant ses besoins, ses attentes, pour proposer une offre adaptée qui correspond le mieux à ses usages, confirme Sabine Lietaert.

L’avis de RTA : malgré ses arguments techniques, le profil quatre saisons invite à étudier l’usage et les parcours des automobilistes. Il s’orientera davantage vers les gros rouleurs et les zones montagneuses. Le choix doit se tourner vers un marquage 3PMSF ou M+S.

Article rédigé en collaboration avec Décision Atelier Aftermarket, le magazine de référence des réparateurs automobiles édité par ETAI.