Le poli-lustrage de la carrosserie ou l’art du polissage

- Catégories : Technique

Le métier de préparateur esthétique automobile est encore peu répandu en France contrairement aux USA et à la Grande-Bretagne. Connu sous le nom de detailing, il consiste à donner un aspect esthétique irréprochable à un véhicule, plutôt haut de gamme, intérieur comme extérieur. Concernant la carrosserie, les professionnels du secteur utilisent le principe du poli-lustrage pour lui redonner une brillance extrême.

Avec le temps les peintures ternissent et s’abiment. Dépôts incrustés, rayures, impacts de gravillons… les agressions ne manquent pas. Le poli-lustrage, procédé long et méticuleux, permet de gommer tous ses défauts. Et à ce titre, il intéresse de plus en plus les rénovateurs de véhicules d’occasions. Le poli-lustrage permet aussi de gommer les défauts de peinture naturels comme le brouillard, les coulures, la peau d’orange ou encore des poussières collées. C’est une technique qui est utilisée de manière un peu différente par les carrossiers.

Mais le « vrai » poli-lustrage, qui se réalise en deux principales étapes, le ponçage et le polissage, demande des techniques de polissage avancées qu’il faut apprendre. « Le carrossier peintre se servira de ce savoir-faire pour retirer les coulures, traces… après mise en peinture. Le detailer ira plus loin, il travaillera sur des peintures neuves mais également sur des véhicules plus anciens pour leur donner une deuxième jeunesse ou pour retirer des imperfections » commente Armand Lospied, responsable de FD Formation Detailing.

Un travail sur le vernis

Une peinture se compose de plusieurs couches : un apprêt (d’une épaisseur entre 10 et 20 microns), d’une base tentée (10 à 30 microns) et d’un vernis dont l’épaisseur varie entre 30 et 100 microns. Le poli-lustrage consiste à rectifier les défauts qui touchent la couche de vernis. Si la base est attaquée (cas d’une rayure profonde par exemple), le poli-lustrage seul n’est plus efficace. Il faut alors faire appel à d’autres techniques de correction complémentaire. La première étape du poli-lustrage consiste à faire ce que les spécialistes de cette discipline appellent « un surfaçage ». C’est-à-dire, dépolir une surface en la ponçant d’abord à sec puis à l’eau, opération plus délicate et longue. Pour ce qui est du ponçage à l’eau, il est conseillé d’utiliser une cale, sans trop exercer de pression. Il faut laisser le papier à poncer travailler. Le ponçage doit se faire dans le sens de la voiture. Il faut démarrer en partant d’un grain de 1500 ou 2000 dans le cas de la peau d’orange. Finir par un grain de 3000. Le grain du papier à utiliser dépend de l’aspect plus ou moins lisse de la surface de départ et de la dureté du vernis. Des abaques existent pour connaitre la dureté en fonction des marques de véhicules. Le ponçage à sec permet de mieux voir ce que l’on fait. Il faut utiliser une ponceuse orbitale à faible orbite. Un grand diamètre d’orbite (au-delà de 1,5 cm) est trop agressif. Là encore, ne pas exercer une trop forte pression et la vitesse doit être faible. Tout l’art du polilustrage consiste à savoir jusqu’où il faut poncer en fonction de l’épaisseur du vernis qu’il faut avant toute chose mesurer et ce à différents endroits avec un PTG (paint thickness gauge). Il ne faut surtout pas attaquer la base teintée au risque, de devoir remettre du vernis. Mentionnons qu’avant d’effectuer un poli-lustrage, le véhicule doit être correctement lavé et masqué. Il faut protéger les arrêtes, les joints, les optiques, les vitres et les logos. L’opération doit s’effectuer de préférence dans un espace sans poussière.

La délicate étape du polissage

Une fois la peinture parfaitement dépolie, il faut alors la repolir pour remonter la brillance. Ce polissage peut se faire en trois passes. La première est plus agressive et met en œuvre une polisseuse rotative, un pad en laine, et un abrasif (compound) agressif. Cette première étape doit supprimer toutes les marques du ponçage. Elle peut cependant générer un voile de micro rayures ou des hologrammes dus à la chauffe du vernis. La polisseuse doit fonctionner à faible vitesse. Pour supprimer ces défauts, une passe supplémentaire est nécessaire avec une combinaison pad/abrasif moins agressive, d’un niveau moyen. Enfin, une passe de finition peut être nécessaire si la brillance obtenue est jugée insuffisante. Il s’agira dans ce cas d’un polissage de finition classique. « Le savoir-faire du polissage repose sur le choix du diamètre du pad et sur la vitesse de polissage pour que le polish soit suffisamment chauffé pour être actif, sans pour autant brûler le vernis en allant trop vite. Il faut aussi savoir doser la quantité de produit et ne pas travailler sur de trop grande zone » explique Armand Lospied.

Le poli-lustrage d’un véhicule entier peut prendre plus de deux semaines et est facturé plusieurs milliers d’euros. A l’heure où les carrossiers cherchent des pistes de diversifications, le sujet mérite que l’on s’y intéresse. Cette technique pourrait être utilisée pour redonner de l’éclat à la carrosserie de véhicules de collection ou ceux de retour de location. Reste, selon Armand Lospied, aux artisans d’acquérir le savoir-faire au niveau du polissage qui reste particulier. Selon lui, il faut bien distinguer ce que les carrossiers pensent être du poli-lustrage, qu’ils pratiquent lors de gommage des défauts de peinture (poussières et peau d’orange), et le poli-lustrage utilisé pour redonner de l’éclat à la carrosserie. « Les carrossiers, pris par le temps, n’ont pas toujours le bon savoir-faire au niveau du polissage à la polisseuse rotative effectué trop rapidement, ce qui peut créer des défauts » conclut le responsable.

Article rédigé en collaboration avec Décision Atelier Aftermarket, le magazine de référence des réparateurs automobiles édité par ETAI.

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