Que faire en cas d’erreur de carburant à la pompe ?

Vous vous arrêtez à la station, attrapez le pistolet, enclenchez le remplissage… puis vous réalisez, malheureusement trop tard, que ce n’est pas le bon carburant. L’erreur est plutôt rare mais il suffit d’un instant d’inattention et les conséquences peuvent être potentiellement très coûteuses. Cependant, si vous avez fait cette erreur : ce n’est pas forcément synonyme de catastrophe. Tout dépend du type de carburant utilisé, de la quantité introduite et surtout… des réflexes que vous allez adopter, voici les conseils de RTA pour limiter la casse.

Le bon réflexe : ne pas démarrer

La règle d’or est simple : ne mettez jamais le moteur en marche. Même tourner la clé ou appuyer sur le bouton start peut suffire à déclencher la pompe à carburant. À partir de ce moment-là, le carburant inadapté atteindra les injecteurs, la pompe haute pression … les risques de dommages se multiplient. Certains automobilistes, pressés de se rendre au garage par leurs propres moyens, commettent cette erreur. Mieux vaut accepter l’immobilisation du véhicule sur place et appeler un dépanneur. Le temps perdu se comptera en heures, mais il vous évitera souvent une immobilisation encore plus longue et une facture de réparation plus élevée.

Diesel dans une voiture essence : une erreur embêtante mais moins grave

Introduire du gasoil dans un moteur essence est une erreur pratiquement impossible car le pistolet diesel est plus large que l’orifice d’un réservoir d’essence, ce qui rend l’opération difficile sauf en cas de remplissage au jerrican. Les conséquences, varient en fonction de la proportion versée.

Si la quantité de diesel représente moins de 10 % du réservoir (par exemple 5 litres sur 50), la voiture risque de présenter des ratés, une fumée blanche épaisse à l’échappement et des difficultés à l’accélération. Dans certains cas, il suffit de diluer immédiatement le diesel en complétant le plein avec de l’essence, puis de rouler prudemment jusqu’à une station où l’on pourra vidanger.

En revanche, au-delà de 10 %, la combustion devient trop perturbée. Dans ce cas, seule une vidange complète du réservoir permettra de repartir sereinement. Selon le garage, cette opération coûte généralement entre 150 et 300 €.

Essence dans un diesel : le cas le plus préoccupant

Mettre de l’essence dans un moteur diesel est beaucoup plus fréquent, et aussi bien plus grave. La raison est simple : le gasoil est gras et lubrifiant, ce qui protège la pompe et les injecteurs. L’essence, au contraire, agit comme un solvant qui dissout ce film protecteur. Résultat : une usure accélérée, voire une destruction des composants.

Pour les moteurs diesel modernes à injection haute pression (HDI, TDI, dCi, BlueHDi, CRDi…), la tolérance est extrêmement faible. Le seuil critique est estimé à 3 % seulement, soit 1,5 litre d’essence dans un réservoir de 50 litres. Autrement dit, quelques pressions accidentelles sur la gâchette du pistolet suffisent pour mettre le moteur en danger.

Les moteurs plus anciens, sont un peu plus tolérants. Ils supportent jusqu’à 10 % d’essence dans le réservoir, mais cette marge reste très relative. Dans tous les cas, si vous avez mis de l’essence dans un diesel, mieux vaut ne pas démarrer le moteur et appelez un dépanneur pour une vidange immédiate.

Le coût, ici, dépendra de la rapidité de votre réaction. Une simple vidange du réservoir peut coûter jusqu’à 300 €, mais si le moteur a tourné et que l’essence a circulé dans la pompe et les injecteurs, les réparations peuvent coûter plusieurs milliers d’euros.

La procédure de remise en état

Une fois le véhicule immobilisé, le professionnel procède en plusieurs étapes. Tout d’abord, la vidange du réservoir pour retirer le carburant inadapté. Ensuite, un rinçage complet du circuit est réalisé afin d’éliminer les résidus dans les durites. Le filtre à carburant est systématiquement remplacé, car il aura capté une partie du mélange. Enfin, les injecteurs et la pompe à carburant sont inspectés pour s’assurer qu’aucun dommage permanent n’a été causé. Dans certains cas, un diagnostic électronique est également réalisé.

La durée moyenne de l’intervention est de deux à trois heures, selon le véhicule. Dès lors que des pièces mécaniques doivent être changées, la facture grimpe rapidement dans les quatre chiffres. La plupart des automobilistes pensent que leur assurance interviendra en cas d’erreur de carburant mais mauvaise nouvelle : dans l’écrasante majorité des cas, ce type de sinistre n’est pas couvert par l’assurance auto classique.

Prévenir plutôt que guérir

Comme souvent, la meilleure solution reste la prévention. Les stations-services utilisent des codes couleur normalisés : vert pour l’essence et noir pour le diesel. Mais encore faut-il prendre le temps de vérifier. Trop de conducteurs, distraits par leur téléphone ou par la routine, attrapent le premier pistolet venu.
Pour éviter ce scénario, de petits gestes suffisent. Vous pouvez coller un autocollant « Essence » ou « Diesel » sur le bouchon ou à l’intérieur de la trappe, surtout si plusieurs conducteurs utilisent le même véhicule. Vous pouvez aussi relire la mention sur votre carte grise : le champ P3 indique le type de carburant (ES pour essence, GO pour gasoil).

Se tromper de carburant à la pompe est une erreur embêtante, mais ses conséquences varient énormément selon la situation. Verser du diesel dans une essence reste gérable si la proportion est faible, tandis qu’introduire de l’essence dans un diesel moderne peut se transformer en cauchemar mécanique. Dans tous les cas, l’essentiel est de garder son sang-froid, de ne pas démarrer le moteur et de faire une vidange le plus rapidement possible.
Le coût d’une vidange simple, entre 150 et 300 €, reste largement préférable à celui d’une pompe à injection ou d’un moteur complet. Et pour éviter que l’erreur ne se reproduise, un peu de vigilance suffit : vérifiez deux fois le pistolet avant de remplir, évitez les distractions ... La prochaine fois que vous vous arrêterez à la pompe, rappelez-vous qu’un simple geste peut faire toute la différence entre un plein tranquille… et une facture salée !