Rappel Takata : 800 000 véhicules de plus immobilisés en France

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Le scandale des airbags Takata, l’un des plus vastes rappels automobiles de l’histoire, prend un nouveau tournant en France. Face à la persistance du danger et à un récent accident mortel, le gouvernement français a décidé de frapper fort : 800 000 véhicules supplémentaires sont désormais concernés par une immobilisation immédiate, appelée "stop drive". Ce durcissement porte à 1,7 million le nombre total de véhicules interdits de circuler sur le territoire, tandis que 2,5 millions sont globalement touchés par des mesures de rappel. Retour sur une affaire qui bouleverse durablement l’industrie automobile et inquiète de nombreux conducteurs.

Un nouveau drame relance l’urgence

C’est un accident mortel survenu à Reims le 11 juin 2024 qui a ravivé les inquiétudes. Une conductrice de 36 ans a perdu la vie lorsque l’airbag de sa voiture a explosé. Sa fille, passagère à l’arrière, a été blessée. C’est le deuxième décès lié à un airbag Takata en métropole, et le 19e en France. Ce drame a poussé le ministère des Transports à réagir rapidement.

Le gouvernement durcit le ton

Mardi 24 juin, Philippe Tabarot, ministre délégué chargé des Transports, a annoncé une extension massive du dispositif de "stop drive", une mesure exceptionnelle qui interdit formellement l’utilisation d’un véhicule jusqu’au remplacement de l’airbag concerné.
La mesure vise : les véhicules équipés d’airbags Takata dans les DROM et en Corse (où chaleur et humidité accélèrent la dégradation) ainsi que les véhicules fabriqués jusqu’en 2011 sur le reste du territoire métropolitain.
En tout, 800 000 voitures sont immobilisées en plus des modèles déjà concernés, notamment les Citroën C3 et DS3, qui avaient été les premiers à faire l’objet d’un "stop drive" généralisé.

2,5 millions de véhicules rappelés en France

2,5 millions de véhicules sont aujourd’hui liés à l’affaire Takata en France, dont 1,7 million sont formellement interdits de rouler. Parmi les marques concernées figurent, entre autres : Citroën, Peugeot, BMW, Volkswagen, Ford, Nissan, Mazda, et bien d'autres. Le rappel ne dépend pas uniquement de l’âge du véhicule, mais surtout du type d’airbag installé.

Une obligation de mobilité pour les automobilistes concernés

Face à la grogne des usagers, le gouvernement insiste : ces mesures sont là pour protéger, pas pour pénaliser. Mais il reconnaît aussi les difficultés logistiques, notamment à l’approche des congés d’été.
Un arrêté ministériel à paraître dans les jours à venir imposera aux constructeurs de fournir une solution de mobilité : véhicule de courtoisie, remboursement d’un véhicule de location, ou autre solution adaptée.
Le ministère a précisé que chaque automobiliste concerné doit pouvoir se déplacer pendant l’immobilisation de son véhicule. Une annonce rassurante, mais qui risque d’être un casse-tête pour les réseaux de concessionnaires, déjà sous tension.

Quelles démarches pour les automobilistes concernés ?

Si vous possédez un véhicule potentiellement affecté, voici les étapes à suivre :

1. Consultez le site du constructeur ou contactez votre concessionnaire pour vérifier si votre véhicule est concerné par un rappel ou un "stop drive".
2. Prenez rendez-vous au plus vite pour le remplacement de l’airbag, qui est gratuit.
3. En cas d’immobilisation, demandez une solution de mobilité conformément aux directives à venir.
Attention : ignorer un "stop drive" peut engager votre responsabilité en cas d’accident et peut même invalider votre assurance auto.

Une gestion critiquée dans certains pays

La France n’est pas seule à faire face à cette crise. Aux États-Unis, la NHTSA (Agence fédérale de la sécurité routière) a longtemps critiqué Takata et certains constructeurs pour leur manque de réactivité. Dans d’autres pays comme l’Australie ou le Japon, des campagnes de rappel massives ont été lancées bien plus tôt.
La France accélère aujourd’hui, mais certains experts jugent que la réponse aurait pu être plus rapide, surtout après les premiers accidents en Outre-mer. D'autres saluent au contraire un tournant décisif pour la sécurité routière, avec un gouvernement désormais pleinement mobilisé.

Conclusion : une affaire loin d’être terminée

L’affaire Takata est emblématique des risques liés à la sous-traitance mondiale et aux défaillances de contrôle qualité dans l’industrie automobile. En durcissant les mesures, le gouvernement cherche à prévenir de nouveaux drames humains, mais aussi à rétablir la confiance dans la sécurité automobile.
Les automobilistes doivent désormais se montrer vigilants, réactifs, et exiger des réponses claires de la part des constructeurs. La sécurité ne doit jamais être une option.