ZFE : connaissez-vous la catégorie Crit'Air de votre véhicule ?

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Le CSA publie sa deuxième étude annuelle sur les ZFE avec un échantillon très robuste de plus de 10 000 répondants. 49 % des Français ne donnent pas la bonne définition d’une ZFE et 38 % d’entre eux ne connaissent pas la catégorie Crit’Air de leur véhicule. Pour un éventuel changement de voiture, le budget disponible est famélique pour la plupart des Français.

En guise de propos liminaire, il convient de s’attarder sur la méthodologie de cet opus 2023 de l’étude du CSA sur les ZFE. L’échantillon a été notablement renforcé, pour 10 370 répondants, ce qui correspond à 13 544 véhicules si on prend en compte les Français multi-motorisés. L’échantillon suit de surcroît au plus près de la structure du parc roulant français : 5 % de Crit’Air 0, 32 % de Crit’Air 1, 23 % de Crit’Air 2, soit 60 % de véhicules non impactés par les ZFE. Mais aussi 9 % de Crit’Air 2 en Rhône-Alpes et Île-de-France, 20 % de Crit’Air 3, 5 % de Crit’Air 4, 2 % de Crit’Air 5, soit 36 % de véhicules concernés par les restrictions liées aux ZFE. Étant entendu qu’il y a une zone grise de quelques pourcents.

9 millions de véhicules concernés par les restrictions de circulation des ZFE en France

« Si on considère que 600 000 véhicules sortent de l’impact Crit’Air chaque année, en nous projetant en 2025, date à laquelle il y aura théoriquement 42 métropoles déployant une ZFE, nous constatons que 9 millions de véhicules seront directement concernés par les restrictions de circulation. Sur un parc roulant de plus que 40 millions de véhicules, ce n’est pas marginal. Si on resserre l’analyse sur les Français qui seront concernés par les ZFE et qui ne pourront pas se passer de leur véhicule, on atterrit à 6 millions de véhicules », expose Franck Cazenave, qui a participé à cette étude avec les équipes du CSA et les entreprises souscriptrices (banques, groupes d’assurances, énergéticiens, etc.). 5,7 millions de véhicules Crit’Air 3 seront encore à la route en 2025, dont 4,1 millions devant évoluer en ZFE, c’est-à-dire que leurs possesseurs ne peuvent pas se passer de voiture.

Les Français n’ont pas une vision claire de Crit’Air

Au niveau de la connaissance et de l’acceptation des ZFE, l’étude met en avant plusieurs éléments intéressants. Seulement 51 % des Français donnent une bonne définition des ZFE, quand 19 % d’entre eux donnent une mauvaise définition et 30 % affirment ne pas savoir de quoi il s’agit. En outre, 38 % des Français ne connaissent pas le Crit’Air de leur véhicule, 5 % n’en ayant jamais entendu parler. 21 % des Français attribuent un Crit’Air erroné à leur véhicule. En somme, ils ne sont que 36 % à connaître Crit’Air et à donner le bon numéro pour leur véhicule.

51 % des Français se disent favorables aux ZFE, contre 57 % en 2022 et cette valeur passe à 46 % si on retient les gens concernés par une ZFE. « Il apparaît aussi que ceux qui sont impactés par les ZFE connaissent moins Crit’Air que l’ensemble des Français, ce qui pose un problème. En outre, si on se penche sur le corpus de 49 % de réfractaires aux dispositifs des ZFE, on relève qu’ils sont 55 % chez les détenteurs d’un véhicule Crit’Air 3, 62 % Crit’Air 4 et 5 et 54 % Crit’Air 2 », souligne Franck Cazenave qui pointe que 36 % des Français continueraient à utiliser leur voiture même sous le risque d’une amende. Tout simplement parce qu’ils n’ont pas d’autre solution.

Nerf de la guerre et bombe sociale

Nous en venons au point sensible du débat, à savoir le budget disponible des Français pour changer de véhicule. Ils sont 36 % à ne pas avoir le moindre budget (0 euro) pour acheter une nouvelle voiture, VN ou VO, dont 42 % chez les mono-motorisés et 41 % chez les détenteurs d’une voiture Crit’Air 4 ou 5. 28 % des Français disent avoir un budget de 5 990 euros, 19 % un budget compris entre 11 490 et 20 000 euros, et enfin, 17 % un budget supérieur à 20 000 euros.

« C’est tout simplement une bombe sociale », lâche Franck Cazenave qui souligne aussi le nœud majeur autour de Crit’Air 3, soit près de 6 millions de voitures, « car ce ne sont pas des véhicules très anciens ».

Assouplir un cadre trop rigide

Franck Cazenave et les auteurs de l’étude avancent deux propositions pour contourner le problème. D’une part, pour les possesseurs de Crit’Air 4 ou 5, pas d’autre choix que de mettre en place une aide financière, sous conditions de ressources bien sûr. D’autre part, pour les possesseurs de véhicules Crit’Air 3, décaler les prochaines échéances, repousser le seuil de 2025 à 2027, par exemple. En outre, une réflexion pourrait être menée sur le seuil de dioxyde d’azote (NO2) fixé par le décret du 23 décembre 2022 sur les exemptions au ZFE. « Le seuil de 10 µg/m3 est très exigeant, le plus ambitieux d’Europe. Or de nombreuses villes sont en-dessous de 20 µg/m3. À l’image de Saint-Nazaire, plusieurs villes pourraient bénéficier d’un report et cela est parfaitement conciliable avec une trajectoire d’amélioration de la qualité de l’air », explique Franck Cazenave.

Le véhicule électrique ne fait pas l’unanimité

Enfin, l’étude rappelle que si les Français sont majoritairement conscients de l’interdiction de vendre des voitures thermiques après 2035 et favorables à des mesures en faveur de l’environnement, ils ne donnent pas un blanc-seing au véhicule électrique. Seulement 45 % des Français pensent que le véhicule électrique est la solution d’avenir et de nombreux freins persistent (autonomie, prix à l’achat, temps de recharge, etc.).

Article rédigé en collaboration avec Décision Atelier Aftermarket, le magazine de référence des réparateurs automobiles édité par ETAI.